Face To Face

Face To Face avec la chanteuse Coline Rio et Isabelle Vaudey du label Baronesa

Face To Face With Coline Rio & Isabelle Vaudey
Publié 08 Novembre 2023

Notre série Face to Face part une fois de plus à la découverte de la scène musicale française ! Dans ce nouvel épisode, rencontre avec la jeune chanteuse et compositrice Coline Rio et sa productrice Isabelle Vaudey  

C’est d’abord au tant que chanteuse du combo pop nantais Inüit que Coline Rio s’est faite connaître, même si elle se produisait déjà en solo avant de rejoindre le groupe en 2015. Gagnant vite en popularité, le groupe enchaîne les tournées et publie même un album en 2018. En 2019, le groupe décide cependant de faire une pause, ce qui permet à Coline de se concentrer sur sa carrière solo. 

Presque immédiatement, elle est contactée par Isabelle Vaudey, fondatrice de Baronesa, société spécialisée dans la production, l’édition et le management d’artiste. Convaincue du talent de Coline, Isabelle la convainc de rejoindre l’équipe Baronesa et devient également sa productrice. Une collaboration fructueuse qui permet à Coline Rio de se révéler en tant qu’artiste solo. 

Coline et Isabelle se sont entretenues avec Julien Parrot, responsable éditorial, marketing et distribution des partenariats chez Believe France, pour parler de leur rencontre au milieu d'une pandémie, de leur travail d'équipe et de la façon dont Believe les a aidées à faire connaître Coline sur les plateformes de streaming. 

Julien Parrot: Bonjour Pauline, Bonjour Isabelle, ravie de vous avoir avec nous. Avant de commencer cette interview, pouvez-vous présenter pour ceux qui n'ont pas encore la chance de vous connaître.

Coline Rio: Moi c'est Coline Rio, je suis autrice-compositrice-interprète, et j'ai sorti mon premier album le 24 mars dernier.

Isabelle Vaudey : Je suis Isabelle Vaudey. Je dirige la société Baronesa qui manage, produit et édite des artistes et je suis donc la productrice de Coline.

Julien Parrot: Ma première question porte sur l'historique de votre relation. Quand vous avez commencé à travailler ensemble, et surtout, quel a été le déclic de votre collaboration ?

Isabelle Vaudey : En fait, j'avais demandé à ma collaboratrice Chloé de faire la dénicheuse de talents et de chercher des artistes sur les réseaux sociaux. Des artistes qui répondaient à un profil bien précis : francophone, issu de la nouvelle scène, très fort mélodiquement. Avec des textes puissants et profonds, et un profil français reconnaissable, c'est à dire pas « girl next door ». Quelqu'un qui avait quelque chose de spécial.

Chloé a donc eu quelques semaines pour me ramener plusieurs profils, que j'ai étudié avec beaucoup d'intérêt. Et au milieu de ces profils, il y avait Coline. Ça a été un peu immédiat, j’ai dit tout de suite à Chloé. « Écoute, très bonne recherche. Je veux rencontrer Coline très vite ». Voilà, donc ça c'est le début. Et ensuite, il y a eu le premier rendez-vous avec Pauline.

Coline Rio : De mon côté, je venais de lancer mon projet solo. Je sortais de quatre ans de tournée avec mon groupe Inüit. On s'était dit qu'on faisait une pause mais qu'on allait reprendre par la suite. Et il y a aussi eu le COVID qui est arrivé très vite après.

Si je ne me trompe pas, nous étions en janvier 2020 lorsque j'ai été contactée par Chloé. Et ça tombait pile : c'est le mois où je me suis dit " C'est parti, je démarre mon projet solo ". Cela faisait longtemps que je rêvais de lancer mon propre projet. Les membres du groupe m'ont connu grâce à mon projet solo. C'est donc quelque chose que je nourris depuis très, très longtemps

Donc j'attendais le moment où je pourrais lancer tout ça. Et puis c’est vraiment arrivé. Chloé et Isabelle ont été les premières personnes à me contacter. On s'est très bien entendu.

Je me souviens du premier rendez-vous, la première fois que j'ai vu Chloé. Elle m'attendait dehors. On s'est fait un câlin très naturellement et on a tout de suite eu une conversation incroyable et très profonde, sur la musique, sur le métier, sur la liberté. Je me suis senti très très bien. Il s'est passé quelque chose.

Julien Parrot : Donc, une première rencontre vraiment très forte et ensuite la collaboration s'est faite naturellement ?

Coline Rio : Oui, et on n’a jamais perdu le contact, on a continué de communiquer. Ça s'est construit au fur et à mesure, jusqu'à ce qu'on se dise officiellement « Voilà, j'ai envie de bosser avec vous. ». C'était complètement réciproque

Isabelle Vaudey : En janvier 2020, j’étais sûre de moi. J’avais une idée précise en tête et je voulais pouvoir la proposer à Coline Mais à partir de mars, comme vous le savez tous, je ne pouvais plus rien lui proposer parce que tout était en train de dégringoler.

Je ne savais pas du tout à quelle sauce on allait être mangés. Je commençais à avoir un peu d'eau sous la quille, financièrement. J’avais cette entreprise qui commençait à bien à se porter. Je me suis dit « Si je perds tout, ça va être la cata ». Mais en revanche, comme l’a dit Coline, on a toujours gardé le contact.

Et puis, quand j'ai commencé à faire la tournée des maisons de disques avant même qu'on ne sorte quoi que ce soit, tout le monde était dans la même situation que moi, en tant que manageuse et éditrice. C’est-à-dire qu’on se disait tous « On ne peut signer personne, on n'a plus d’argent. On ne fait pas de développement, c'est trop long, trop difficile. On sort d'un truc qui aurait pu nous mettre par terre. » Donc on n'a pas trouvé acquéreur du projet.

Mais je suis une femme de conviction, donc j'ai dit à Coline « Ce n’est pas grave, on va y aller, c'est sûr ».

Julien Parrot : Je rebondis sur ce que tu disais à propos du rôle de manageuse et éditrice. Maintenant tu es aussi productrice et tu as créé ton propre label, Baronesa. Est-ce que le fait d'être soutenue par Believe t'a convaincue de te prendre ce nouveau rôle ?

Isabelle Vaudey : L'entreprise Baronesa, elle existe depuis sept ans. J'ai juste étendu le domaine de la lutte, pour citer le titre d’un ouvrage d’un auteur que j’apprécie.

Bref, non, ce n'est pas que ça m'a convaincue. C’est que ça m'a rendue dix fois plus forte, et c'est ce que je voulais. Parce que quand il s’est agi de trouver un contrat de distribution, je me suis donc dit « Mon objectif, c'est Believe parce que ce sont les meilleurs ». Parce que c'est super de produire des albums, mais encore faut-il un partenaire en distribution, qui plus est digital au début évidemment.

Mais même si je connaissais certains membres de l'équipe, je n’étais pas sûre du tout que Believe m'accompagne. Donc quand vous avez dit oui, je me suis dit « OK, maintenant je suis plus forte qu'avant ». Ça m'a donné beaucoup plus de force.

Julien Parrot : Je vais enchaîner sur ce qui s'est passé entre la sortie de ton maxi « Lourd et délicat » en juin 2022 et ton premier album « Ce qu'il restera de nous » qui est sorti en mars 2023. Il y a eu un gros travail qui a été fait de ton côté en média en promo. On a aussi beaucoup travaillé ton projet auprès des plateformes de streaming. Tu as d’ailleurs été repérée par Spotify pour faire partie du programme RADAR, leur programme éditorial pour artistes émergents. Est-ce que tu penses que ce soutien et cette intégration au programme RADAR t’ont apporté un vrai plus dans le développement de ta carrière ? Est-ce que tu sens que la vision des professionnels a changé avec ce travail auprès des plateformes de streaming ?

Coline Rio : C'est sûr, c'est certain que ça aide. Mentalement, c'est déjà un soutien incroyable en tant qu'artiste

Tout est arrivé assez vite. Si je ne me trompe pas, Believe a été le premier partenaire qu'on a eu. Puis Spotify est aussi arrivé assez vite après avec le soutien RADAR. Pour moi, c'était fou parce que ça m'a fait me sentir légitime. Je pense qu'il y a ce sentiment de légitimité, d'être écouté, d'avoir sa place. C'est-ce que ça m'a fait. Je me suis dit « OK, j'ai ma place, on m'aide à prendre ma place.

Et clairement, c'était fou, parce qu’aujourd’hui, tout fonctionne avec le streaming, on le sait, et beaucoup avec l'image. Il y a eu un énorme soutien pour mon projet, ça m’a vraiment permis d'être écoutée, de me développer et certainement que ça a aidé aussi à être crédibilisé professionnellement. J'imagine que ça a dû faire un effet boule de neige, mais en tout cas, pour moi, c'est un vrai soutien.

Artistiquement, tu te sens solide, beaucoup plus solide en fait. Et pour nous les artistes, on le sent et c'est précieux. C'est vraiment très, très précieux.

Julien Parrot : Je pense à un autre point fort qui a aussi dû t'aider dans ton développement : la partie scène et tournée.

Pour ceux qui n'ont pas la chance de t'avoir vue sur scène, il y a un vrai moment de partage avec le public. Tu as une vraie présence scénique, il y a cette scénographie avec ta violoncelliste, toi au piano… C’est vraiment un moment envoûtant et suspendu de te voir en live.

Est-ce un sujet à propos duquel vous échangez ensemble ?

Coline Rio : Complètement. Le live c'est une partie ultra importante de la vie d'artiste. Ça nourrit, ça recentre.

Même au quotidien, quand je fais un concert, je vais me sentir mieux. C'est un équilibre, ça fait partie de l'équilibre. J’ai beaucoup de désir, d'ambition. J'adorerais avoir plus de musiciens avec moi, mais tout ça va venir étape par étape.

Il y a plein de rêves, il y a plein de rêves à construire et on fait petit à petit. On chemine ensemble. Mais oui, ça fait complètement partie des discussions que l’on a pour le deuxième album. On avance là-dessus.

Julien Parrot : Isabelle, il y a un partage supplémentaire que vous apportez à Coline, avec ce que vous avez appris dans vos autres rôles. Cela doit beaucoup nourrir vos échanges, non ?

Isabelle Vaudey : Oui, dans un sens. En fait, j'essaie vraiment de garder la place de celle qui donne à Coline l'effet miroir dont elle a besoin de temps à autre. C’est-à-dire lui dire par exemple « Si tu fais ce choix-là, si tu fais ce type de mise en scène, si tu fais cette chose-là, voilà ce que ça va produire comme effets. Et à mon avis, on est dans la bonne direction. »

Ou bien au contraire, « C'est un peu plus risqué parce que ça risque de te mettre dans une catégorie, etc. ». C'est plus un regard miroir que je lui apporte pour nourrir sa réflexion, mais à aucun moment je vais lui dire qu’il faut faire ci ou ça. Pas du tout.

Je suis là aussi s'il y a par exemple besoin d'expliquer des décisions, des couacs, des choses qui ne fonctionnent pas comme Coline voudrait. Il faut, faut que je sois celle qui soit capable de transmettre la parole du tourneur, de la partie financière ; pour essayer d'expliquer pourquoi il y a du retard; pourquoi ceci, pourquoi cela. Parce que voilà, ce n’est pas toujours évident à comprendre.

Julien Parrot : Avant de nous quitter, pouvez-vous nous partager vos prochaines actus ? Coline quelle est la suite du projet pour toi ? Et Isabelle, quelle suite pour le label et pour tes différents rôles.

Coline Rio : Alors, la suite du projet, c'est une réédition de l’album qui arrive en novembre. J'ai extrêmement hâte parce que j'ai adoré l'enregistrer. Il y aura cinq titres inédits, dont « Paysage. » qui est déjà sorti en juillet.

Donc ça, c'est ce qui arrive le plus vite. Ensuite, je vais entrer en phase de création et la tournée continue aussi.

J'ai des dates qui arrivent et j'espère que ça va continuer parce que j'adore ça. L'idée, c'est de créer pour la suite, et ne pas s'arrêter en chemin maintenant qu’il est tracé.

Isabelle Vaudey : Oui, on est très excitées par la réédition de l’album, car ce n’est pas simplement une réédition, c'est un cadeau qui a du sens au milieu du parcours de Coline, qui est déjà impressionnant, je trouve. Même si je ne suis pas complètement objective, je trouve que c'est remarquable. On aborde 2024 avec beaucoup de gourmandise.

Et au-delà de la tournée qui va être extrêmement dense, on sort d'un petit séminaire avec Coline où on s'est mises toutes les deux en retrait de la vie parisienne. On est parti dans le Sud en autarcie pour discuter de l'année 2024, 2025, 2026 pour avoir vraiment une vision, un cap et que je comprenne un peu mieux ce que Coline avait en tête pour essayer de l'accompagner et mieux prévoir les choses en amont. Et on a constaté, ô surprise, que nous étions totalement en accord. Je n'étais pas inquiète puisqu'on a une très bonne qualité de communication.

Quant au label, on ne signera pas d'autres artistes en 2024. J'ai plutôt envie de rester concentrée sur ceux qui sont déjà là, et ça ira très bien comme ça.

Julien Parrot :  Merci beaucoup à toutes les deux d'être venues pour cette interview et a très vite.

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